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Manille mon oeil

2 juillet 2011

Latence

Il est dit qu'en ces jours de productivite, l'on laisse derriere soi une part de creativite.

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25 avril 2011

Mon oeil se ferme sur Manille...

Je suis venue vous dire que je m'en vais... mais qu'on se retrouvera sur mon nouveau blog : Voiles sur Casa, pour ma nouvelle vie qui commence au Maroc...

A tres vite!

 

3 novembre 2010

Shanghai universelle

Shanghai_2010_071 Des trottoirs longs et larges. Des avenues propres. Des rues pavées. Des tours scintillantes. Des Chinois à vélo, à moto, à moteur. Des parcs qui font danser les vieux et les cerfs-volants. De l’air frais. De l’énergie. De l’ordre. De la modernité qui chasse le passé. Du capitalisme qui supplante le communisme. Du ciel bleu derrière la brume des pots d’échappement là-haut échappés. De l’Asie. Du rouge. De la vie et du caractère (苏莲) Shanghai…

     Une ville qui s’apprécie dans les détails ci-dessus cités. Qui se veut vitrine de son pays mais dans laquelle on ne voit pas son reflet. Une ville dont l’apparence épluche l’âme mais dont les secrets et les traditions font le charme.

     Non, je ne suis pas tombée de suite amoureuse. Elle a du me faire la cour trois jours pour me séduire. Haranguant ma petite ombre de ses colosses bétonnés, je ne me suis pas laissé de suite impressionner. Shanghai, nous ne sommes pas dupes de tes contrefaçons. Hong Kong et New York t’ont vue naitre. Et du futur tu veux devenir maitre… Soit.

     Cette ville maitrise ses ambitions et prend la grosse tête. Le yuan se prend pour un euro (héros) ! Les chinois ne s’étonnent pas qu’on leur parle en chinois. Conséquence évidente depuis l’Expo Universelle. Ils ont touché du Toit le monde et celui-ci le leur a bien rendu apparemment.

     Heureusement la ville sanctifie aussi les piétons. C’est en battant la semelle de mes tongues, telle une touriste franco-philippine par 15 degrés, que mon pas a pris le pouls de la ville. Oui, Shanghai cache désormais son histoire derrière des travaux mais sous la poussière… les perles. Celles d’Asie, celles qui me rendent littéralement « accro » à ce continent.

     Prenez un parc spacieux et fleuri, une dizaine de chinois, un chanteur suranné, faites les danser, par deux ou seuls, ils n’ont pas d’inhibitions, et mélangez au rythme des chinoiseries musicales. Fermez les yeux ou tourbillonnez avec eux, ca les fera rire.

     Plus loin, asseyez-vous sur le gazon (propre) et levez les yeux au ciel. Un dragon y danse. Revenez plus bas sur le chinois qui se bat avec son ombre… Il fait du tai chi. Une autre promène son oiseau en cage. Un autre nous prend en photo…

     Ici chacun a sa petite passion. Et c’est la que j’ai trouvé la mienne en les regardant….

     Sortez du parc et admirez la poésie dans l’air… Shanghai allie parfaitement poésie et modernisme, oui. Par contre il vaut mieux être sourd dans ce pays, car le chinois ne parle pas. Il crie. Non, il aboie (J’ai une idée d’explication : jadis, dans le parc de la concession française, il était écrit a l’entrée « interdit aux chiens et aux chinois ». Une histoire de mimétisme au seuil d’une grille probablement.)

     Fermez les yeux sur la perfection et l’aseptisation de certains lieux et perdez-vous dans les dédales de la ville, croisez-y une mémé sur sa chaise, un homme a bicyclette en costume élimé… Les chinois semblent y faire tout ce qu’on y attend d’eux. Ouf, les clichés existent encore. Courez-y, ils sont à brader.

14 octobre 2010

Octobrement Manille

octobreLes lignes s’espacent ces temps-ci, oui je sais. Peut-être mes yeux se fondent-ils de plus en plus à la réalité philippine. Onze mois et déjà moins de recul, plus de complaisance, moins de surprises, plus de liens… Ça compte onze mois, dans un cœur en détachement.


Mes yeux se posent certainement plus indifféremment sur les innombrables gardes armés jusqu’aux dents sifflotant des airs de Lady Gaga, sur les sourires philippins armés jusqu’aux molaires, sur les ‘Hi Ma’am’ frénétiques de mes hôtes, sur les… Je ne vois plus aussi clair, vous voyez. Et pourtant loin de moi un état blasé ! Je suis seulement en état d’intégration. Un sentiment de ‘chez soi’ qui se combine a un pêle-mêle de repères. Je connais les heures, les raccourcis, les noms de rues, les bons plans, les codes, les chauffeurs, les us, les coutumes. J’anticipe les mauvaises surprises, je connais un peu le taglish (tagalog-english), je reconnais un philippin qui ment.


Evidemment la ville recèle encore de surprises pour une éternité… mais cette ville semblera toujours plus désemparée de ses trésors qu’une autre perle d’Asie.


Les trésors philippins, et je ne vous les ai jamais cachés, se trouvent dans les quelques 7000 iles de l’archipel, celles qui laissent coi, pantois, bouche bée… Des iles semblant réinventer les verts et les bleus du panel chromatique. Des iles pour avoir l’aperçu avant impression du paradis sans doute. Des iles qui habituent les yeux au surréalisme des natures vivantes. Des iles qui fouettent le corps et l’esprit par leur seule beauté. Des iles qui vous font croire à une Mère Nature au-dessus de tout, qui vous font vous sentir ridiculement vulnérable. Des iles quoi… (ah non ca ne fait pas ca, l’ile d’Oléron ?) Me restent encore quelques mois pour m’en lasser heureusement…


Sans transition.


Chers vous tous,


Il fait chaud (29 degrés environ) mais il pleut souvent. C’est génial. Je donne des cours à des crevettes et des gambas et je visite les iles parfois les weekends. C’est extraordinaire. A Manille, j’habite au 20eme étage et de ma fenêtre, je vois les nombreuses tours qui gâchent l’horizon. C’est incroyable. Je pense souvent à vous et suis impatiente de vous revoir à Noel.


En attendant, offrez-vous des fleurs et des nappes en couleurs pour ne pas qu’Octobre vous prenne…


Je vous embrasse.


Bises,


M. Mon Œil

31 août 2010

Citations philippines

Clous

Dans des bouches de crevettes...


« Mademoiselle, est-ce que vous êtes riche? »


« Mademoiselle, vous voulez dire que la France a vraiment cette forme d’étoile ? » (en regardant la Carte de France)


« En France vous donnez un genre à chaque chose… ? Et même aux pays… ! Pourquoi ??? »


« Miss, comment dit-on ‘j’ai un sac Louis Vuitton’ en français ? » (très utile dans le monde des crevettes…)


« Mademoiselle, pourriez-vous ‘réajuster’ ma note s’il vous plait ? » (ritournelle)


Philosophie et autres essais dans les taxis...


« En France vous parlez quelle langue ?

-Le français.

-C’est de l’anglais ? »


« Les russes ils parlent quelle langue ?

-Le russe.

-Et donc en France vous parlez russe ? »


« Désolée Ma’am, je ne comprends pas votre dialecte. » (alors que je parlais anglais! How come!)

« Vous êtes coréenne ? » (alors que la nuit était tombée…)


« Vous avez quel âge ? Vous avez déjà des enfants ?

-J'ai 26 ans. Et non.

-Oh 26 ans, c’est vieux !! Vous devriez déjà avoir 2 enfants, vu votre âge. Il va falloir y penser très bientôt. Moi j’ai 30 ans et j’ai déjà 2 enfants de 8 et 6 ans.

-… !!! (de quoi j’me mêle !!). Yeah I feel just like a child ! »


Chez les King Prawns...


« En France, vous avez une monarchie comme au Royaume-Uni?

-Oui, tout juste. Un Roi et le reste du monde, le Tiers-Etat a eu raison du reste. »


Dans le restaurant le plus chic des Philippines, San Antonio, la preuve...


« S’il vous plait mademoiselle, attendez un peu pour aller aux toilettes. Nous les nettoyons car quelqu’un a fait caca. »

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7 août 2010

Ce que je n’ai pas dit sur RTL…

RTL

Ou plutôt ce que je n’ai pas eu le temps de dire sur RTL (cliquez pour m'écouter)..


Que les Philippins haussent les sourcils pour un oui, pour un non, un bonjour.

 

Qu’ils disent toujours « yes ma’am », même s’ils pensent non, pour ne pas décevoir ou perdre la face.

 

Que s’ils sont « sorry » d’annoncer que quelque chose qu’on souhaite avoir n’est pas disponible, ils ne proposeront pas pour autant une alternative ou une simple idée. Ils sont simplement « sorry » et puis c’est déjà bien.

 

Qu’a Manille, je crie parfois « ville de m**** !!!! » et que ca ne s’entend pas, tellement il pleut, tellement les taxis klaxonnent, tellement ils ne veulent pas nous emmener la ou on veut sans doubler leur salaire, tellement je me sens prise au piège comme une crevette dans un filet.

 

Qu’a Manille, quand parfois je sors d’un cours du vendredi avec mes crevettes préférées, j’ai envie de crier « J’adoooooore les Philippines !!!!!!!! », tellement j’ai reçu plein de rires, d’humanité, d’intelligence et de spontanéité de la part de mes élèves. Tellement ils me font aimer leur pays, tellement j’aime leur apprendre ma langue.

 

Que mes crevettes sont l’incarnation de la joie de vivre philippine (a quelques exceptions près. Il y a toujours des crevettes grises).

 

Que c’est contagieux et je me sens aimer ce pays chaque jour un peu plus.

 

Qu’a Manille, les « malls » ou centres commerciaux restent malheureusement les endroits les plus agréables pour se promener… Que j’ai envie de beaux trottoirs sur lesquels une simple crotte de caniche me ferait sursauter d’effroi (mais il me semble que j’ai parle des trottoirs ! ;-)

 

Qu’aux Philippines, il n’y a pas que Boracay, mais des endroits encore plus fabuleux qui ne demandent pas à être cités sur la première radio française afin de ne pas être assaillis par ses millions d’auditeurs assoiffés de mer salée et de sable poudré. 

 

Que les typhons sont impressionnants mais que le pire reste leurs conséquences : coupures d’électricité pendant au moins 24 heures, recherches de bougies, panne des transports ferroviaires, problèmes de télécommunications, absence de crevettes, pataugeoires naturelles…

 

Que j’adore les Philippines, et qu’avant tout, j’adore les Philippins. Ce sont eux la meilleure raison d’aimer ce pays. Ils sont son meilleur atout et valent mieux que toutes ses plages de rêve.

 

Que Hong Kong m’a fait réaliser ma chance de vivre avec eux et leur humanité, leur bonté, leurs sourires, leurs maladresses… Oh je sens que je m’attache.

 

Qu’il y a une pénurie de riz à prévoir dans les prochains mois en raison des dommages causés aux réserves.

 

Qu’avant les trottoirs et la littérature (c’était pour avoir des livres en cadeaux pardi!), ce sont ma famille et mes petits français préférés qui me manquent et a qui je pense tous les jours sur mes trottoirs pourr… hum hum… abimés.

 

Que les philippins ont une gastronomie peu variée, surtout a base de volaille, et que tout tourne toujours autour du cochon. Qu’il y a certainement plus de Mac Do et de Starbucks ici qu’a New York. Que les philippins ont le pied de plus en plus lourd sur la balance.

 

Que je n’ai même pas pu donner la chute à mon histoire de baklas ! Oui, Shakira, la fameuse célébrité que j’ai rencontrée le premier jour, était… un transsexuel !

 

Que c’est Sophie Martin qui m’appelle en direct ? Que c’est Sophie Martin, la « célébrité » que j’ai rencontrée le premier jour ? Que c’est Sophie Martin partout dans mes Philippines ?

 

Que la pauvreté n’est pas un sujet dont je sais parler spontanément, tout comme de mon recul sur la France…

 

Que je voudrais faire un coucou a ma M’man qui est la plus grande de toutes les auditrices et a mon P’pa le plus grand de tous les auditeurs. Et mes copines, copains, cousins, cousines, dans tous les coins du monde que j’aime et à qui je pense fort malgré les ondes qui nous séparent !

 

Et que j’ai peur de donner une trop bonne image des Philippines. Ce trésor doit rester secret le plus longtemps possible…

 

 

17 juillet 2010

De quoi fouetter un chat...

ChatCela a un coté magique et incompréhensible. Il suffit de poser un premier mot sur une page blanche pour que les autres s’ensuivent, dictés par notre fidele inconscient. Et de manière toute aussi radicale peuvent s’enchevêtrer les lettres, puis perdre leur fil, changer de sens, s’épuiser… Dans tous les cas on ne sait jamais ou l’on va avec les mots. Cela me rappelle la vie, tenez. Ou les rues de Manille. On a beau avoir un but, on n’est jamais sur de l’atteindre, et encore moins de l’atteindre avec les moyens au préalable envisagés.

Heureusement, je ne prévois rien. J’espère, j’envisage, j’imagine, je conçois, et je tire mille plans sur la comète tous les jours. Mais j’ose à peine y croire. Ainsi meilleures sont les surprises. Voyez-vous la comme je m’évade dans mon salon alors que les éclairs zigzaguent le ciel de Manille. Je m’évade dans mon salon car j’habite chez des squatteurs. Et j’ai tellement espéré, envisagé et imaginé m’en échapper que j’ose à peine y croire : je vais déménager pour la 6eme fois dans ma ville d’accueil. Dans un nouveau nid. Avec mes ailes plus battantes que jamais. Et seule, enfin libre. Je m’affranchis des craintes premières évanouies. La ville, la folle, ne me fait plus peur. Je connais le chemin.

 

Possible qu’un typhon me surprenne dans ma solitude attendue mais je connais des refuges qui valent tous les toits du monde. Possible que j’espère encore autre chose bientôt. Qui a dit que j’étais instable ? Je cherche juste l’impossible dans un monde ou tout est possible. Alors on ne sait jamais…

 

A part ca - Les Philippins sont toujours mes voisins, mes élèves, mes colocs, mes collègues, mes amis, mes guides, mes exaspérations… Parfois ils abusent de ma patience, souvent j’abuse de la leur : échange de bon procédé. Mes plus grandes passions locales se nouent souvent dans un taxi, avec son chauffeur. Il s’y passe des scènes surréalistes à nourrir les rêves de Woody Allen. Il n’est pas rare qu’à la demande d’une destination, l’on se voie répondre par un silence ou mieux, un haussement de sourcils. A cela je présume souvent comme acquise notre mission. Que nenni. Il se peut parfaitement que le chauffeur ne connaisse en rien le lieu escompté. Hanté par le risque de perdre la face, le chauffeur préfère nous balader, après tout il est payé au mètre. D’où l’intérêt de ne jamais se mettre en veille sur son siège arrière… Et, en honneur à la métaphysique, cette semaine, la loi des séries s’est mise en place . Je vous laisse rêver… (et ne me demandez pas pourquoi je ne prends pas le métro !!!)

24 juin 2010

Au Bal des Poissons

Bal_des_PoissonsUn plateau de fruits de mer, s'il vous plait!

Voila déjà un mois que j’ai remis les palmes dans mon monde abyssal, celui des crevettes, vous savez… shlurps ! Mais il se trouve que j’ai pris du galon, passé un palier, comme on dit chez les hommes-grenouilles, alors je fais ma sirène de royaumes en royaumes. Je vogue, je vaque sur les vagues… En un mot, je suis professeur consultante. En voila un bien hideux terme pour définir ma quête de saveurs ! Désormais, je nage, je respire, je reconnais certaines espèces (de vieilles crevettes… comprendre anciens élèves), et en découvre de nouvelles…

Mes nouvelles crevettes, toujours universitaires et toujours post-pubères, ont le vilain défaut des crevettes roses de cette génération : elles ont l’âge bête. Elles secouent leurs antennes, se bidonnent sous leur cuirasse, minaudent quand elles ouvrent la bouche… Je les préférerais avec de la mayonnaise a l’ail.

Mais bienheureusement, un coup de nageoire plus loin et je fais des bulles dans la Cour des Grands, celle des gambas, le fin du fin pour des universitaires. On peut leur parler de la vie sur terre sans qu’ils aient l’air ahuri d’un poisson-bé. Flambées au cognac elles seraient parfaites.

Mais le plateau de fruits de mer serait bien fade sans le nectar des fonds sous-marins, le caviar des élèves, j’ai nommé les King Prawns, les crevettes royales. Celles-ci ont un statut privilégié puisqu’elles n’avancent qu’entre les murs de l’Alliance. Comme leur nom l’indique, leur statut d’altesse à la Cour leur confère l’aptitude à l’obligeance, au silence et même à l’intérêt. Seul leur manque une langue parfois tout de même (mais la langue de King Prawn n’a pas été pensée par le créateur).

Oui je sais nager et respirer en même temps désormais, je me surprends encore. J’ai l’impression de me délester de certains bagages, de les laisser flotter a leur gré. Toujours la sensation d’être au bon endroit au bon moment en ce début de cinquième vie.

Au Bal des Poissons

Saison des pluies deux-mille-dix - Manille a pris un nouveau visage. Je regarde par la fenêtre et l’horizon dépasse mon imagination. Mon nouveau nid a poussé les frontières de la ville, mis de la lumière sur ma terre flottante et de l’occident à nos pieds. J’habite dans la face cachée des Philippines, sa face dorée, celle qui ne va pas de soi. Et je m’étends quelques fois la semaine vers son visage sujet aux clichés, cerné de tohu-bohu, d’odeurs de maïs bouilli, de fritures centenaires et de fumées échappées de pots branlants. Manille a deux visages et je tourne le mien vers les deux siens sans scrupules, pour plus de recul.

Manille m’irrite toujours quand elle me tient prisonnière de ses modes de transports encombrés, quand elle me crache ses particules mortelles, quand elle me réveille après quelques instants sur les nuages. Mais ses deux visages me tiennent en éveil et mon œil reste affuté. La ville me porte malgré sa difficulté à flotter. Les saisons changent, la pluie nous anime et les orages nous éclairent chaque soir. On n’imagine pas pour autant encore le déluge qu’on nous prédit un jour.

Sans Transition - Et depuis que je suis allée au bal des poissons, l’eau me semble un élément plus facile a apprivoiser. Vous ai-je parlé de cet événement inattendu qui a animé un de mes dimanches aux Philippines ? C’était une après-midi de soleil, à Apo Island, petit village faisant office d’ile a ses heures d’accessibilité. Comme les jours de sa semaine, les moteurs n’y grondaient pas, le soleil n’y brulait pas… et les coqs y cocoricotaient, les philippins y braillaient et les lézards y lézardaient. Une ile d’évidences croirez-vous… sauf si le monde sous-marin ne s’était permis d’y cacher des miracles naturels.

De tortues je n’avais connu que Cindyah et Indirah, deux éphémères petites créatures qui avaient marqué mon enfance par leur rapide et mystérieuse disparition de mon jardin. Ma curiosité pour l’espèce ne s’en était trouvée qu’accrue, vous pensez bien… Alors lorsque sur la plage d’Apo j’enfilai toniquement mon masque et mon tuba, j’étais loin de me douter que je me rendais à leur bal. J’aurais mis ma plus belle des carapaces si j’avais su…

Car une fois la tête immergée, je découvris des trésors insoupçonnés des fouilleurs du ciel. Des tortues gigantesques aux airs d’indifférence et de flegme aquatique… Elles faisaient mine de ne pas me voir et mon ego n’en ressortit pas indemne. Mais fut force de constater que le cœur était déjà pris par des poissons-laveurs de carapace (des pots de colle autrement dit). On ne peut rivaliser, à cet état des choses. Heureusement, pour parer a ma susceptibilité, les fonds sous-marins firent diversion, tapissant le sable de coraux tous plus colores et dignes des meilleures œuvres de Koons. Un champignon titanesque, des pivoines de mer grandiloquentes, rien ne semblait laissé au hasard par le décorateur - un artiste en herbe à suivre a mon avis.

Les convives ne s’y firent pas attendre. Au premier abord, des poissons de première classe tous plus colorés et élégants les uns que les autres. A y regarder de plus près, je reconnus le chevalier a cape noire, la princesse a la robe arc-en-ciel, la délurée au costume zébré, le punk a la crête rouge, la bimbo en robe strass-écaille, le dandy aux arêtes d’or, la femme fatale a la bouche ourlée, les passe-partout… Il ne manquait personne au Bal des Poissons ! Et je nous sentis, mon œil et moi, pour ainsi dire, privilégiés…

28 mai 2010

Poils de pinceau et plumes de songes

L’esprit enchaîné aux souvenirs ici ancrés et encore fort présents sous mes paupières, je viens vous faire la toile des couleurs qui ont dansé sur mon iris.

Je prends aujourd’hui la plume et le pinceau tels des outils a l’exutoire car, plaignez-moi merci, je fus quelque peu chamboulée ces dernières semaines tant celles-ci furent empreintes d’air des Charentes et de vent philippin. De quoi faire une crise d’identité.

Bref. Si Manille a parfois du mal à me convaincre de ses charmes, son pays reste mon Archipel de la Tentation. Jamais vu tant de merveilles. Jamais autant cherché mes mots pour les dépeindre. Jamais vu tant de couleurs relatives au paradis ou a l’idée que s’en faisait le Créateur (Jean-Paul Gauthier ou Galliano sans doute, pour l’exubérance et la folie des grandeurs). Mais Chuuut. Je sais que cela doit rester secret. Qu’il nous faut dire que la Thaïlande, c’est mieux, afin que les wagons d’inquisiteurs contournent nos trésors.

Allez, je sors mon pinceau… Pour commencer, une touche de vert pour vous décrire Banaue et ses environs. Un vert rizière, cela va de soi. Un vert qui vous rend vivant. Un vert de terre. Un vert qui justifie des randonnées à vous essouffler des parents et à vous faire respecter le riz. Désormais je mange mes grains de riz en pensant aux belles terrasses sur lesquelles ils ont pu lézarder au soleil.

Une touche de blanc pour les nuages et les traces d’ailes.

Puis je choisis dans ma palette le bleu le plus pur, le plus généreux et générateur de rêves. Une nuance entre bleu ciel, bleu de Prusse et bleu turquoise. J’y ajoute une demi-teinte de jaune soleil pour imiter un reflet de bleu lagon, de vert jade. Et c’est la couleur d’El Nido, petit archipel peuplé de grains de sable blanc et de pigments clairs. Je n’exagère pas car je n’ai rien à vous vendre, vous savez.

Apres trempette de mon pinceau dans l’eau (cela me fait penser à mes nouvelles compétences en snorkeling !), j’opte pour les mêmes couleurs, mais en les tachetant de points noirs. Je pointille tel Seurat qui s’ignore la plage de Boracay. Car à la différence des autres cachettes, cette ile a été trouvée et accaparée par des milliers de tout-nus-tout-bronzes.

Mon tableau prend forme, je suis inspirée : mon pays d’accueil donne forme a mes utopies.

De nouveau mon pinceau prend l’eau. Il fait chaud et le jaune soleil fait suinter le chrome autour. Le bleu et le vert s’étendent jusqu'à Siquijor, en bas a droite de mon œuvre, la ou j’apposerai ma signature. Car l’ile aux sorciers n’a pas fait regretter les heures de bateau pour l’atteindre. Le vert y prend forme de feuilles, de peaux de serpents, de plumes d’oiseaux et d’écailles de poissons. Son vert nous rend brillants, je m’élève, je vois loin. J’emprunte des plumes aux oiseaux pour forger la mienne et demande Romain Gary pour encrier.

Je signe d’un rose magenta, un rose Sophie, en bas, à droite, mes promesses de l’aube, et d’éternité. Philippines !

7 mai 2010

Six mois et un jour…c’est l’heure.

31Aujourd’hui, dernier jour de stage a l'Alliance.

L’heure du bilan a sonné. Les cloches tintent. L’humeur locale est aux élections nationales, la saison sèche touche à sa fin et l’on pourrait croire a la fin d’une ère… Pensez-vous, pas une larme. Lisez ça.

 

Comment viennent les mots pour résumer six mois d’une vie qui commence aux Philippines ? Je pourrais vous faire une courbe basée sur la moyenne mensuelle de mes sentiments personnels + évolutions professionnelles, mais cela tracerait un dos de dromadaire…

 

Si je règle bien le rétroviseur sur le passé récent, j’esquisse un petit sourire d’autosatisfaction… Il y a six mois, j’arrivais avec Delfino en terre inconnue, peuplée d’inconnus, ayant pour perspective l’inconnu et aujourd’hui, je suis en terre conquise. Conquise par le peuple, conquise par le cœur, conquise par la perspective. A dos de dromadaire les Philippines j’ai conquis, parmi les hauts, les bas, les doutes, les manques… les manques de repères, les manques de France, les manques de français…

 

Parfois j’ai des envies de Drucker inexplicables, des envies de baguette au sésame, des envies de mes copines et moi allant bruncher un dimanche ensoleillé dans le Marais, des envies de Maman, Papa, Mémé, Mamie, cousins, cousines, copains, copines, tonton, tata…. Des envies de dimanche a la campagne, des envies de Elle, des envies d’engloutir de la culture française quand l’Alliance locale ne me le permet pas assez, des envies d’entendre le paon dans le jardin, des envies de silence, des envies d’enfance, des envies de prendre les trottoirs de Paris et de les battre de ma semelle neuve, des envies d’entrer au frais dans un musée, des envies de me dire que ce weekend, j’irai en Belgique, je retournerais bien a Londres, je referai la Normandie… Des envies qui surgissent et disparaissent comme elles sont venues.

 

S’expatrier c’est sûrement ça. Vivre perpétuellement dans le manque et la frustration de sa culture, et en même temps s’en nourrir pour chercher d’autres sources de délectation, des alternatives aux promenades ou musées parisiens, de nouveaux repères et petits riens qui au fil du temps transforment votre vive mélancolie en une douce nostalgie.

 

Bon je ne sais plus où je voulais en venir avec tout ça. Ah oui, peut-être devrais-je faire un tableau, des statistiques… envoyer du chiffre !

 

Nombre de satisfactions : dans un visage, un répit, un mot, deux mots, trois mots, une idée, deux yeux bleus, un ciel parfait, ma musique, un lit… sur une plage, un bateau, l’herbe, la route, un nuage… dans l’indicible, l’innommable, l’attente, la réconciliation, la réflexion, l’abstraction, la surprise, la rêverie, l’ivresse…

Nombre de déceptions : 1 main inconnue dans mon sac = 1 portefeuille en moins.

Nombre de gains : a tous points de vue. Même ma peau est plus ferme, mon teint plus éclatant, mes cheveux plus soyeux. J

Nombre de pertes : 3 paires de chaussures, 1 téléphone, ma conscience, ma mémoire, 1 kilo, mon envie de partir…

Nombre de vies : j’en suis a ma cinquième vie et si ça se trouve, c’est la vraie qui commence…

Et l’Amour : ça ne se calcule pas…

 

 

Ci-dessous je vais prendre du recul et rédiger mon horoscope des six derniers mois :

 

Poissons (qui n’aiment pas mettre la tête sous l’eau) – Novembre 09/Mai 2010

 

-Amour : on vous appelle.

-Santé : quelques ballonnements et autres signes ponctuels de non résistance à la sphère bactérienne locale vous mettront parfois dans l’embarras mais rien de contagieux. Ne faites surtout pas de sport pour préserver vos muscles et ne mettez pas de crème solaire pour booster votre mélanine.

-Travail : vous allez devoir apprivoiser des crevettes, des gambas, et apprendre a communiquer autrement. Vous allez improviser un drôle de métier dans le petit bassin pour mieux sauter dans les eaux vives qui vous sont destinées. Un jour vous serez Présidente mais chaque chose en son temps, retenez bien cela.

-Conseil Manille Mon Œil : N’ayez crainte et vivez votre cinquième vie pleinement comme si c’était la dernière… 

 

Je vais maintenant prendre mes rêves pour une réalité et partir en vacances quelques trois semaines avec P’pa et M’man dans ce pays qui me retient pour une année encore au moins. J’ai resigné pour un an, un contrat de consultante a l’Alliance… Je vais probablement encore manger pas mal de crevettes mais c’est pour mieux grandir, mon enfant… Je reviendrai vers vous dans un mois avec beaucoup de souvenirs, de photos, de tendresse et bien moins de manques, je pense... J

 

Mahal kita

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